Poèmes "A l’écoute du temps »   Editions l’Oeil Ecoute La Carmone.

                                                                  

 Amis mots…





"Loin des conventions habituelles, des convenances académiques, ou des formes  traditionnelles, j'ai voulu que mes mots  chantent, dansent, plantent un décor, créent des images, évoquent un rythme, une musique...traduisent des émotions. A fleur de ligne, je souhaite qu'ils sollicitent l'imaginaire du lecteur ou du récitant pour faire éclore tout cet univers. La sensibilité, les parcours, les sillons  de vie gravés en chacun de nous, feront le reste..."




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Des  mots
Tableau noir
Départ
Vingt ans

Page
Montalieu

Double
Le marronnier
Epousailles
Petit
Martine
Romain
Dix-neuf  janvier 
Lily
Jo
Papa






Des mots




Des mots pour toi,
Des mots pour le dire.
Des mots pour rire,
Des mots pour vivre…

Des mots douceur,
Des mots parfum.
Des mots tendresse,

Des mots caresses…


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Des mots qui tremblent.
Des mots qui vibrent.
Des mots qui frémissent.
Des mots qui frissonnent…

Des mots longtemps susurrés,
Des mots si doux à prononcer,
À dire,
À rire,
À vivre…






Tableau noir

 

Du tableau noir
Un mot s’échappe.

D’autres le suivent.
Tout s’efface,                                                                         
Tout se glace. 

Ils s’en vont
Deux par deux.

La guerre et la paix,
Le jour et la nuit,
Le passé et le présent,
Le présent et l’avenir,
Le blanc et le noir,
L’ombre et la lumière,
Le ciel et la mer,
L’eau et le feu

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Il n’en reste que deux…

Toi et moi.

Toi, moi,
Le jour.

Toi, moi,
L’amour.

Toi, moi,
La nuit.

Toi, moi,
La vie
.










Départ

 

Il s’est levé ;
Il l’a embrassée.

Elle l’a embrassé
Comme ça,
Machinalement…

Elle l’a à peine regardé.
Comme un étranger.

Il s’est retourné.
Plusieurs fois,

Pour effleurer,
Chercher  encore
Un regard complice…

Elle ne l’a pas vu.
Elle n’était plus là.

Absente,
Indifférente,
Distante… 



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Il est parti
Dans sa nuit.

Sans rien dire.
Sans un mot.
Seul.
Comme une ombre,
Le cœur lourd,
Le cœur sourd…

Il est rentré.
Au petit matin

Il la revoit toujours
Là, devant lui
Immobile et froide…

Il ne comprend pas,
Il ne comprend plus

Comme le plus paumé des hommes,
A gros sanglots,
Il pleure sur son amour perdu…





Vingt ans

Si j’avais vingt ans,
Le monde je referais,
Peut-être…

 
Si j’avais vingt ans,
D’azur, sans doute,
Je tapisserais les nuits…

 
Si j’avais vingt ans,
Des guirlandes de mots bonheur,
Aux branches nues des arbres morts,
Sur les dunes  des déserts,
J’accrocherais…

Si j’avais vingt ans,
Encore,
J’en suis sûr,
En royaume de rêve et d’utopie,
Je vivrais et  longtemps je construirais…


                                                                                                                                                                                             

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Mais voilà, aujourd’hui,
Même si je parcourrais les galeries du temps,
Sur les étagères du souvenir,
Ce ne serait pas moi,
Ce ne serait plus moi…

 
Avec d’autres, tu prendras le relais
Pour que le monde,
Ses nuits, ses déserts,
Ses rêves et ses utopies,
Soient autant de bouquets
Qui dans tes bras fleuriront
Pour que se fêtent,
Encore et toujours,

D’autres vingt ans…       







Page

 

Page qui tourne
Au gré du temps
Suspendue
Page qui s'ouvre
Poussée toujours plus loin
Par la vie
Page qui termble encore
Sous la main fébrile
Des lendemains amis




 

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Page qui, jour après jour
S’ornera de majuscules
Au fil du temps ciselées.

 
Page qui tourne
Page qui s’ouvre
Page qui roule.

 La vie s’écoule...






Montalieu

 

Vieille école.
Tilleuls.
Murs de pierres,
Lierre…
 

Parfums discrets d’herbe sèche.,
Douceurs fragiles des nuits de juin.,
Odeurs furtives d’encre te de cire…
 

Vieil homme aux cheveux blancs.
Géant de l’ombre.
Silence.



 


 


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Rires d’enfants
Par le vent portés.
Souvenirs.

Ils sont là,
Complices.

Le temps de le dire,
Le temps de lire,
Le temps d’un sourire.
 

Compagnons de toujours,
Tranquilles.
La vie leur appartient.

 






Double 

 

Souvent
Du plus profond du temps
L’œil inquiet
Je t’ai cherchée.
 

Longtemps
Aux portes de la nuit
Le cœur gonflé d’espoir
Je t’ai appelée.

Si fort
Qu’aujourd’hui
Je te devine

Je te sens naître
Sous mes doigts
Au creux de ma main

Je te respire
Comme l’air que tu fais vibrer
Au seul rythme de ton nom



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Aujourd’hui
Je t’att
ends

Aujourd’hui
Je t’entends

Aujourd’hui
Je te tends la main
Comme au frère que je ne connais pas

Aujourd’hui
Je peux te parler
Je peux crier ton nom
Je veux te garder.

Du plus profond du temps
Aux portes de la nuit
Au seuil de ma vie
 

Souvent
Longtemps…



 

Le Marronnier

Un village,
Une rue,
Petite.

 
Une école,
Publique.

La cour,
Un marronnier,
Déjà planté…
 

Du haut de ma fenêtre,
Perché,
J’imagine, j’entends, je vois
La société naissante de ces enfants d’alors
Accrochant leurs rêves
Aux piquants de l’automne,
A terre
Tombés.
 
Un village,
Une petite rue,
Un café,
Le marronnier

Encore…

De ma fenêtre, au loin,
J’imagine, j’entends, je vois
Les enfants d’hier,
Poignée d’hommes devenus
En livrée d’utopie,
Accrochant au pâle rempart de la devanture
Leurs espoirs, leurs rêves,
Délicieux désordres
Sous les plis roulés du léger voilage,
Un jour,
Réalisés.

Le village,
Lui aussi a grandi.
Un à un,
Les hommes ont,
Le bistrot,
Déserté…

 

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De ma fenêtre,
Ce soir,
J’imagine…
Ces mots,
Sous les plinthes de bois,
Pour toujours
Laissés.
Cette lumière,
Aux lustres de porcelaine
Encore
Accrochée.
Ces idées,
Dans l’enchevêtrement des volutes de fonte
A jamais
Tressées.
Ces souvenirs,
Effluves d’une mémoire
Aux senteurs lourdes du vin tiré des futailles,
Pour l’éternité,
Embaumés.

De ma fenêtre,
Aujourd’hui,
Je sais
Que là,
Dans ce vieux bistrot,
Une source
Fut.

Comme tant d’autres,
Un jour,
Je bus
Ces mots,
Ces idées…

 A Fontenay,
Le rideau,
Sur le café
Est tombé.

Le loquet de fer,
Sur les souvenirs,
S’est refermé.

Le marronnier,
Dans nos mémoires,
Sera resté.













Epousailles

 

Mil neuf cent quarante-six
C’était hier.
La tempête venait de se taire.
Le temps, à peine se posait
Qu’à l’horizon,
L’espoir timidement
Déjà apparaissait.

 
Instants vécus
Où, sur le gris sourd des soirs de brume
La lumière renaissait des cendres de la nuit
Et éclatait en bouquets changeants.

Imagination
Richesse de ceux qui n’ont rien

Idées neuves.

 Folles flammes déferlantes
De ces premières fleurs
Si frêles
Si frileuses
Au doux parfum de la vie retrouvée.

Images d’un passé
Que l’on voudrait à jamais enfui
Qui a forgé en lui la destinée de deux êtres



                                   


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C’était il y a cinquante ans
L’histoire prenait racines

Depuis, au gré du présent que le vent toujours emporte
Dans le tourbillon de la vie
Ça et là parmi tous ces moments
Que le souffle de la mémoire
Tel un feu dévorant
Ravive
Entre brûlures te soleil radieux
Vous n’en retiendrez que quelques uns.

 
Musique douce des rêves d’éternité caressés
Silences ponctués de mots amis
Sans cesse effleurés
Senteurs sauvages des sentiers si longuement traversés
Jalons de cette existence complice
À deux menée
Pour qu’aujourd’hui
Après cinquante pages
Une à une tournées
D’un livre à deux mains
Patiemment ciselé
Loin des tempêtes et du tumulte
Le regard porté vers demain
Tout simplement

La vie s’écoule.









Petit



Petit qui dort
Qu je ne connais pas encore

 Petit
Dont je croiserai bientôt le chemin

Petit
Que je prendrai par la main 

Petit
Qui par la main me prendra

 

 






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Inconnu au regard gourmand
Dévorant la vie
Frémissant

 
Frérot
Aux mains tendues d’espoir
Tendre complice de demain

 
Pousse la porte
Ne frappe pas 

Je t’attends.












Martine

Tu es partie
Petite fille
Un soir de décembre
Un vendredi

 Tu as emmené avec toi
Pour toujours
Ton secret




 

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Tu dors tranquille
Sans frissonner
Immobile et blanche
Dans la froideur de ta nuit

Tu resteras
Pour chacun
La petite fille
Petite sœur aux cheveux bouclés.





Romain



Si tôt…si tard,

Du plus loin dans  ma mémoire,
Résonnent ces mots…

Si frêles…si forts,
Pourquoi toi ?
Pourquoi nous ?


 

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Dans le souffle retenu,
Dans la force des racines
Malgré nous tissées…

Si tendres…si dures,

Je puise le souvenir
De l’être qui fut,
De la vie qui
Pour toujours  a fui.

 Si tôt…si tard !








Dix-neuf janvier, Léa

Paris,
Le métro,
Des inconnus,
Partout.

Sourire gêné,
Pâle esquisse,
Caresse.

 La pluie,
Glacée.
Flot d’encre.

Le noir s’échappe,
Profond.

Comme autrefois,
Sur mon cahier d’écolier,
L’encrier se vide,
Renversé.

 Solitude froide
Sur la nuit qui coule,
Glisse,
S’étend,
Me prend.

  




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Mots sur mon âme
Jetés,
En désordre répandus,
Perdus,
Ne sachant où se réfugier,
Se réchauffer.

Fuite du temps…

J’aurais tant voulu,
Dans cette flaque morne
Recouvrant d’ombre le bonheur,
Mes doigts tremper.
Redessiner l’espoir,
Retenir ta vie,
Un instant,
Une éternité.
Saisir ta main,
La refermer sur demain…
Parcourir ensemble mes chemins buissonniers,

T’emmener…

 J’aurais tant voulu…






Lily

 

Deux syllabes dans la nuit,
Se brisent,
S’enfoncent.
Identiques.

Silence…
 

L’hiver sur toi
A refermé sa porte.

J’ai froid…

Un point sur le « i » désormais
Repose.
Frêle témoin,
Présence fragile,
Au temps suspendu…

Souffle court,
Sourire qui a fui les lèvres d’Emilie…
Marguerite cueillie au jardin de ta vie,
Aujourd’hui effeuillée…

 


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« Je t’aime…
Un peu, beaucoup… »

Les amoureux sur ton prénom,
Rêvaient…
Comme savent rêver les enfants.
 

Lily,
Deux syllabes dans la nuit,
Pour l’éternité,
En chacun de nous
Résonnent.

Elles resteront gravées
Comme sur tes tableaux
Que tu avais,
Tel l’oiseau de Prévert,
De ta plume légère,
Tant de fois
Signés.






Jo

 

Il pleure sur ma ville,
Il pleut sur mes souvenirs…

 
Les miroirs sans tain des flaques
A la peau ridée par l’averse
Me renvoient une ombre tremblante,

Une presque silhouette
D’où émerge le visage d’un homme.

En sa compagnie,
Quelques pas en idéal commun
Je fis.

 Entre un passé foisonnant de richesses
Et l’avenir qui a fui,


 

 

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Ma mémoire,
Aujourd’hui
Funambule.

Au-dessous,
Le vide…

 Il était une fois,
Un homme,
Sculpteur éperdu d’humanité,
Bâtisseur d’une foi sans frontières,
Métallo de tous les possibles.

Il était une fois,
Jo.

 Il pleure sur ma ville,
Il pleut sur mes souvenirs…













Papa


Deux syllabes,
Au seuil de ma mémoire,
Claquent.
Dures.

Un mot,
À l’huis de mon enfance
Qui se ferme,
Toque.

Un cri,
De mon cœur échappé,
Résonne  d’une multitude de souvenirs.

Déchirure.

Des gestes
Que je revois,
Sa voix
Qui encore m’habite.
Douce…



 

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J’entends encore ses pas
Qui sur le plancher du temps
Glissent.
Lisses.
 

Je redécouvre une rencontre,
Au carrefour de nos vies.
Joies partagées,
Silences complices,
Absences,
Ignorance,
Rendez-vous manqués,
Regrets.

Je cherche ta main
Que j’ai perdue.

Petit garçon,
Je murmure ton nom
Rien que pour nous deux.

En secret…



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